Потлач (1954-1957) 20 entries back |
Новый миф
Un nouveau mythe Les derniers lamas sont morts, mais Ivich a les yeux bridés. Qui seront les enfants d’Ivich ? Dès maintenant Ivich attend, n’importe où dans le monde. André-Frank Conord post a comment
И целое море не в силах… Toute l’eau de la mer ne pourrait pas… Le 1er décembre, Marcelle M., âgée de seize ans, tente de se suicider avec son amant. L’individu, majeur et marié, ose déclarer, après qu’on les ait sauvés, qu’il a été entraîné « à son corps défendant ». Marcelle est déférée à un tribunal pour enfants qui doit « apprécier sa part de responsabilité morale ». En France, les mineures sont enfermées dans des prisons généralement religieuses. On y fait passer leur jeunesse. Le 5 février, à Madrid, dix-huit anarchistes qui ont essayé de reconstituer la C.N.T. sont condamnés pour rébellion militaire. Les bénisseurs-fusilleurs de Franco protègent la sinistre « civilisation occidentale ». Les hebdomadaires du mois d’avril publient, pour leur pittoresque, certaines photos du Kenya : le rebelle « général Chine » entendant sa sentence de mort. La carlingue d’un avion de la Royal Air Force où trente-quatre silhouettes peintes représentent autant d’indigènes mitraillés au sol. Un noir abattu s’appelle un Mau-Mau. Le 1er juin, dans le ridicule Figaro, Mauriac blâme Françoise Sagan de ne point prêcher – à l’heure où l’Empire s’en va en eau de boudin –, quelques-unes des valeurs bien françaises qui nous attachent le peuple marocain par exemple. (Naturellement nous n’avons pas une minute à perdre pour lire les romans et les romancières de cette petite année 1954, mais quand on ressemble à Mauriac, il est obscène de parler d’une fille de dix-huit ans.) Le dernier numéro de la revue néo-surréaliste – et jusqu’à présent inoffensive – Medium tourne à la provocation : le fasciste Georges Soulès surgit au sommaire sous le pseudonyme d’Abellio; Gérard Legrand s’attaque aux travailleurs nord-africains de Paris. La peur des vraies questions et la complaisance envers des modes intellectuelles périmées rassemblent ainsi les professionnels de l’écriture, qu’elle se veuille édifiante ou révoltée comme Camus. Ce qui manque à ces messieurs, c’est la Terreur. Guy-Ernest Debord post a comment |
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