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Пишет larvatus ([info]larvatus)
@ 2005-09-07 13:44:00


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les petits maîtres

― à Eric Gans        
    petit-maître
    Vieilli, littéraire. Jeune élégant, jeune élégante aux allures et aux manières affectées et prétentieuses.
    Pluriel : des petits-maîtres, des petites-maîtresses.

    « Un opéra raisonnable, c’est un corbeau blanc, un bel esprit silencieux, un Normand sincère, un Gascon modeste, un procureur désintéressé, enfin un petit-maître constant et un musicien sobre. »
    — Antoine Houdar de la Motte, épigraphe au livret d’Alcyone, de Marin Marais, 1706.
    Le Petit-Maître corrigé, Une Comédie en trois actes, en prose, par Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, représentée pour la première fois le 6 novembre 1734 par les comédiens Français.
    Le Petit-maître philosophe ou Voyage et aventures de Genu Soalhat, chevalier de Mainvilliers, dans les principales cours de l’Europe, À la Mecque, Aux Dépens des Pelerins, 1751.
    « PETIT-MAÎTRE s.m. On appelle ainsi Un jeune homme de Cour, qui se distingue par un air avantageux, par un ton décisif, par des manières libres & étourdies. C’est un petit-maître. Il fait le petit-maître.
    « PETITE-MAÎTRESSE s.f. Il se dit d’Une femme qui affecte les manières d’un petit-maître. »
    — Dictionnaire de L’Académie française, 4me Édition, 1762, p. 77.
    « Nos petits-maîtres et nos petites-maîtresses s’y seraient ennuyés sans doute : ils prétendent être la bonne compagnie ; mais ni monsieur André ni moi ne soupons jamais avec cette bonne compagnie-là. »
    — François-Marie Arouet de Voltaire, L’Homme aux quarante écus.
    « Beaulard ! ne passons pas devant ce grand nom sans nous y arrêter un moment. Il est en ce temps le modiste sans pareil, le créateur, le poète qui mérite l’honneur de la dédicace du poème des Modes par ses mille inventions et ces délicieuses appellations de fanfioles, qu’on dirait apportées de Cythère par le chevalier de Mouhy ou Andréa de Nerciat : les rubans aux soupirs de Vénus, les diadèmes arc-en-ciel, le désespoir d’opale, l’instant, la conviction, la marque d’espoir, les garnitures à la composition honnête, à la grande réputation, au désir marqué, au plaintes indifférentes, à la préférence, au doux sourire, à l’agitation, et l’étoffe soupirs étouffés garnie en regrets inutiles, sans compter toutes les nuances combinées, disposées, imaginées par son goût, sortant de cette boutique assiégée d’où partent les couleurs qu’il faut porter, la couleur vive bergère, la couleur cuisse de nymphe émue, la couleur entrailles de petit-maître ! »
    — Charles-Simon Favart, Les Modes. — Les Numéros, troisième partie. — La Matinée, la Soirée, et la Nuit des boulevards ; Chez Jean Mossy, Marseille, 1777. Ambigu de scènes épisodiques mélé de chants et de danses, représenté devant leurs majestés le 11 octobre 1776. Cité dans La Femme au dix-huitième siècle, par Edmond et Jules de Goncourt, nouvelle édition, revue et augmentée, Charpentier 1877, chapitre viii.
    « Le dandy britannique est au-dessus du fashionable. Ce dernier suit la mode, le premier la crée ou la brave ; le fashionable pénètre tout au plus aux bals d’Almark, et dans quelques routs de l’aristocratie ; le dandy y donne le ton, et a sa place partout, jusque sur les sièges du parlement. Les dandies anglais réclament comme un des leurs le célèbre poète Byron, dont les bizarreries un peu affectées lui donnaient quelques droits à ce titre ; le héros de son poème original, Don Juan, est aussi, dans plus d’un passage, le représentant du dandysme de Londres. — Le dandy français ne s’est pas encore élevé à la hauteur de ses modèles ; sa physionomie est moins tranchée, moins spéciale ; c’est souvent, sous un autre nom, le petit-maître de nos aïeux, l’élégant du dernier siècle, l’incroyable d’une époque plus récente. Le dandy ne doit point se borner à ces imitations ; et s’il ne peut trouver en lui-même tout ce que promet cette désignation ambitieuse, nous lui conseillons d’aller dans la Grande-Bretagne étudier les oracles et les lois du dandysme. »
    — Article « Dandy », dans : M.W. Duckett (dir.), Dictionnaire de la conversation et de la lecture, inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, par une société de savants et de gens de lettres, Tome XIX. Paris, Belin-Mandar, 1835, p. 90.

    « Minoret, plein de faiblesse pour son Ursule, à laquelle il ne refusait rien et qui avait mené la vie d’une petite-maîtresse, se trouva presque pauvre après l’avoir perdue. »
    — Honoré de Balzac, Ursule Mirouët, 1841, p. 22.
    « Cet homme semblait avoir toute la politesse importune, tout le bavardage fatigant d’un petit-maître français de la vieille école. »
    — Gérard de Nerval, Nouvelles et fantaisies, 1855, p. 39.

        La Femme sauvage et la petite maîtresse         The Wild Woman and the Fancy Woman
¶1      « Vraiment, ma chère, vous me fatiguez sans mesure et sans pitié ; on dirait, à vous entendre soupirer, que vous souffrez plus que les glaneuses sexagénaires et que les vieilles mendiantes qui ramassent des croûtes de pain à la porte des cabarets.      “Truly, my dear, you exhaust me without measure and without pity; one might say, hearing you sigh, that you suffer more than sexagenarian gleaners and old beggar-women who cadge breadcrusts at the doors of cabarets.”
¶2      « Si au moins vos soupirs exprimaient le remords, ils vous feraient quelque honneur ; mais ils ne traduisent que la satiété du bien-être et l’accablement du repos. Et puis, vous ne cessez de vous répandre en paroles inutiles : « Aimez-moi bien ! j’en ai tant besoin ! Consolez-moi par-ci, caressez-moi par-là ! Tenez, je veux essayer de vous guérir ; nous en trouverons peut-être le moyen, pour deux sols, au milieu d’une fête, et sans aller bien loin.      “If your sighs at least expressed remorse, they would do you some honor; but they only convey the satiety of well-being and the dejection of repose. And besides, you never cease to expound yourself in useless words: ‘Love me truly! I need it so much! Comfort me here, caress me there!’ Mark my words; I would like to try to cure you; perhaps we shall find the means, for two pennies, in the midst of a fair, and without going very far.”
¶3      « Considérons bien, je vous prie, cette solide cage de fer derrière laquelle s’agite, hurlant comme un damné, secouant les barreaux comme un orang-outang exaspéré par l’exil, imitant, dans la perfection, tantôt les bonds circulaires du tigre, tantôt les dandinements stupides de l’ours blanc, ce monstre poilu dont la forme imite assez vaguement la vôtre.      “Let us scrutinize, if you please, this solid cage of iron wherein stirs, screaming like the damned, shaking the bars like an orangutan maddened by exile, imitating perfectly now the circular leaps of the tiger, now the stupid prance of the polar bear, that hairy monster whose form vaguely enough imitates your own.”
¶4      « Ce monstre est un de ces animaux qu’on appelle généralement « mon ange ! », c’est-à-dire une femme. L’autre monstre, celui qui crie à tue-tête, un bâton à la main, est un mari. Il a enchaîné sa femme légitime comme une bête, et il la montre dans les faubourgs, les jours de foire, avec permission des magistrats, cela va sans dire.      “That monster is one of those animals whom one generally calls ‘my angel!’ — that is to say, a woman. The other monster, the one who screams at the top of his voice, a cudgel in his hand, is a husband. He has chained up his legal mate like a beast, and he displays her in the outer precincts, in a marketplace, with an official permission, it goes without saying.”
¶5      « Faites bien attention ! Voyez avec quelle voracité (non simulée peut-être !) elle déchire des lapins vivants et des volailles piaillantes que lui jette son cornac. « Allons, dit-il, il ne faut pas manger tout son bien en un jour, » et, sur cette sage parole. il lui arrache cruellement la proie, dont les boyaux dévidés restent un instant accrochés aux dents de la bête féroce, de la femme, veux-je dire.      “Pay close attention! See with what voracity (not feigned, perhaps!) she tears apart the live rabbits and the cheeping poultry thrown to her by her mentor. ‘Come now,’ he says, ‘You mustn’t eat everything in one day,’ and, with those wise words, he cruelly wrests from her prey, whose unwound entrails remain for a moment stuck to the teeth of the ferocious beast, of the woman, I mean to say.”
¶6      « Allons ! un bon coup de bâton pour la calmer ! car elle darde des yeux terribles de convoitise sur la nourriture enlevée. Grand Dieu ! le bâton n’est pas un bâton de comédie, avez-vous entendu résonner la chair, malgré le poil postiche ? Aussi les yeux lui sortent maintenant de la tête, elle hurle plus naturellement. Dans sa rage, elle étincelle tout entière, comme le fer qu’on bat.      “Come on! A good smack with the cudgel to calm her down! For she darts her eyes filled with terrifying greed at the food taken from her. Great God! The cudgel is no stage prop; did you hear the sound it made when it struck her flesh, for all her fake fur? Thus her eyes now pop out of her head and she screams more naturally. In her rage, she sparkles all over, like iron being forged.”
¶7     « Telles sont les moeurs conjugales de ces deux descendants d’Ève et d’Adam, ces oeuvres de vos mains, ô mon Dieu ! Cette femme est incontestablement malheureuse, quoique après tout, peut-être, les jouissances titillantes de la gloire ne lui soient pas inconnues. Il y a des malheurs plus irrémédiables, et sans compensation. Mais dans le monde où elle a été jetée, elle n’a jamais pu croire que la femme méritât une autre destinée.      “Such are the conjugal mores of these two descendants of Adam and Eve, these works of your hands, my God! That woman is undeniably unhappy, although after all, perhaps, the titillating pleasures of glory are not unknown to her. There are miseries more irremediable, and without compensation. But in the world wherein she has been thrown, she has never been able to believe that woman deserved any other fate.”
¶8     « Maintenant, à nous deux, chère précieuse ! A voir les enfers dont le monde est peuplé, que voulez-vous que je pense de votre joli enfer, vous qui ne reposez que sur des étoffes aussi douces que votre peau, qui ne mangez que de la viande cuite, et pour qui un domestique habile prend soin de découper les morceaux.      “Now, about us, my precious darling! To see the hells with which the world is populated, what do you want me to think of your pretty hell, you who sleep only on linens as soft as your skin, who eat only cooked meat, carefully cut into morsels for you by a skillful servant?”
¶9     « Et que peuvent signifier pour moi tous ces petits soupirs qui gonflent votre poitrine parfumée, robuste coquette ? Et toutes ces affectations apprises dans les livres, et cette infatigable mélancolie, faite pour inspirer au spectateur un tout autre sentiment que la pitié ? En vérité, il me prend quelquefois envie de vous apprendre ce que c’est que le vrai malheur.     “And what can all those little sighs that swell your perfumed chest mean to me, sturdy flirt? And all those affectations learned from books, and that indefatigable melancholy, designed to inspire in the spectator a feeling entirely different from pity? In truth, I am sometimes seized with the desire to teach you what is a real misfortune.”
¶10     « A vous voir ainsi, ma belle délicate, les pieds dans la fange et les yeux tournés vaporeusement vers le ciel, comme pour lui demander un roi, on dirait vraisemblablement une jeune grenouille qui invoquerait l’idéal. Si vous méprisez le soliveau (ce que je suis maintenant, comme vous savez bien), gare la grue qui vous croquera, vous gobera et vous tuera à son plaisir !     “To see you thus, my delicate beauty, your feet in the mud and your eyes turned hazily toward heaven, as if asking it for a king, one might accurately compare you to a young frog invoking the ideal. If you scorn King Log (which is what I am right now, as you well know), beware King Crane that will crunch you, swallow you, and kill you at its pleasure!
¶11     « Tant poëte que je sois, je ne suis pas aussi dupe que vous voudriez le croire, et si vous me fatiguez trop souvent de vos précieuses pleurnicheries, je vous traiterai en femme sauvage, ou je vous jetterai par la fenêtre, comme une bouteille vide. »      “As much as I be a poet, I am not such a dupe as you would like to think, and if you tire me too often with your precious sniveling, I shall treat you like a wild woman, or shall throw you out the window, like an empty bottle.”
    — Charles Baudelaire, La Presse, 27 août 1862     — traduit du français par MZ


    « Les petits maîtres du temps de la Révolution, les Bailly, les Fragonard, les Carle Vernet, les Debucourt le charmaient. »
    — Charles Asselineau, Charles Baudelaire, Sa Vie et son Œuvre, 1869.

Jean-Honoré Fragonard
Jeune fille faisant danser son chien sur son lit, dit à tort La Gimblette, vers 1770-1775
Huile sur toile - 89 x 70 cm
Munich, Alte Pinakothek

    « maître (mê-tr’), s.m.1o Celui qui commande soit de droit soit de fait. […] ♦ 23o Petits-maîtres, nom qui fut donné, durant la Fronde, aux membres d’un parti à la tête duquel se placèrent Condé, le prince de Conti et le duc de Longueville. « On avait appelé la cabale du duc de Beaufort, au commencement, celle des importants ; on appelait celle de Condé le parti des petits-maîtres, qu’on applique aujourd’hui à la jeunesse avantageuse et mal élevée. », Volt. Louis XIV, 4. ♦ Voici l’explication que Mme de Motteville donne de cette dénomination. « Quand il [le prince de Condé] venait chez la reine, il remplissait sa chambre des personnes du royaume les plus qualifiées ; ses favoris, qui étaient la plupart des jeunes seigneurs qui l’avaient suivi dans l’armée, et participant à sa grandeur comme ils avaient eu part à la gloire qu’il y avait acquise, avaient été appelés les petits-maîtres parce qu’ils étaient à celui qui le paraissait être de tous les autres », Mém., p. 111. ♦ Fig. et familièrement. Petit-maître, jeune homme qui a de la recherche dans sa parure, et un ton avantageux avec les femmes. « Mais ce siècle peu raffiné N’avait pas encor vu paraître Un être insolent et borné Que l’on appelle petit-maître ; Le premier fat de l’univers Fut le fils du roi de Pergame », Bernis, Épît. 8. « Je n’avais vu que des acteurs récitant des vers à d’autres acteurs, dans un petit cercle entouré de petits-maîtres », Volt. Lett. Villette, 1er sept. 1765. ♦ Fig. « On tourne tout en ridicule, tout le monde est petit-maître aujourd’hui, et c’est le bon air de mépriser les bonnes choses à mesure qu’elles sont meilleures », d’Argenson, Mém. t. I, p. 101.
    — Émile Littré, Dictionnaire de la Langue française, 1863-1877.
    « Ici, laissant de côté un certain nombre de séries, je vais droit aux livres sur les mœurs.
    « Tout d’abord les ouvrages sérieux comme le livre de Toussaint, intitulé : LES MŒURS, 1768, ou comme : « L’ÉCOLE DE L’HOMME, ou Parallèle des portraits du siècle et des tableaux de l’Écriture sainte, 1752 », une espèce de La Bruyère très inconnu du dix-huitième siècle, et qui a, en tête de sa première partie, une clef de ses portraits.
    « A la suite de ces deux traités dogmatiques, les ouvrages suivants : « LES MŒURS DE PARIS, par M.L.P.Y.E. Amsterdam, 1747 » ; « le TABLEAU DU SIÈCLE, par un auteur connu. Genève, 1759 » ; « ESSAI SUR LE CARACTÈRE et les mœurs des François comparées à celles des Anglois. Londres, 1776. »
    « Puis les petits livres, où la peinture des mœurs est relevée d’une forte pointe d’ironie, petits livres un peu trop méprisés de notre siècle, et qui contiennent cependant pas mal de l’alerte et vif esprit français du temps : «l’Apologie de la frivolité, 1750 » ; « les Ridicules du siècle, 1752 » ; « le Livre à la mode, 1760 », et les autres livres de Carraccioli ; « la Berlue, 1760 » ; « l’Inoculation du bon sens, 1761 » ; « la Philosophie à la grecque, 1772 » ; le Livre à la mode, dont son auteur, le chevalier des Essarts, fait ce piquant portrait de l’officier petit-maître : « Un simple uniforme de drap propre, de grosses bottes soutenues par un talon de trois bons pouces, des éperons aussi clairs que la garde de l’épée, une chemise à manchettes unies, un chapeau retapé à la militaire, les cheveux en queue et une simple boucle ; ajoutez à tout cela un col noir, et une épée dont la lame est de défense. Est-ce là l’habillement, la façon de se mettre d’un officier ? Eh fi ! on a l’air trop soldat. Un officier petit-maître a bien plus de goût. Il lui faut autant de papillotes qu’il a de cheveux, une bourse à la françoise, ou au moins une petite queue ensevelie dans trois livres de poudre appliquées avec art, des manchettes à dentelles, des bas de soye, des souliers à talon rouge et surtout une épée à la françoise ; le chapeau.… ! cet article m’embarrasse un peu… ce n’est pas un chapeau, il n’en a pas la forme ; ce n’est pas un bonnet, il n’en a pas la matière ; c’est un zest, un soupçon, une idée, un rien fait en forme de ce je ne sais quoi sur lequel est attaché trois petits morceaux de plumet, et on porte sous le bras cette singulière invention. »
    « Mais parmi tous ces livres et bien d’autres encore, les deux chefs-d’œuvre du genre sont : LE PAPILLOTAGE, 1767, et la BIBLIOTHÈQUE DES PETITS-MAÎTRES, ou Mémoires pour servir à l’histoire du bon ton et de l’extrêmement bonne compagnie. Au Palais-Royal, chez la petite Lolo, marchande de galanteries, à la Frivolité, 1762.
    « Dans cet ordre d’écrits au persiflage quintessencié, au joli babil littéraire, tout plein de tours et de voltes de phrases, exécutés avec une prestesse singulière, un abbé, l’abbé Coyer, a écrit un livre qui mérite sa place parmi les plus délicates et les plus incisives ironies : ce sont les BAGATELLES MORALES, et je ne connais rien, dans notre langue, d’une impertinence de style plus grand seigneur, que sa « Lettre à une dame anglaise » qui, dans l’édition originale publiée séparément, porte le titre : Lettre à une jeune dame nouvellement mariée.
    « Vient le tour des petits croquis satiriques d’une maladie du jour, d’un éphémère goût de la nation, de n’importe quoi enfin, d’un jeu à la mode aussi bien que d’un jubilé, et aussi bien d’un jubilé que de l’approche d’une comète. Les vapeurs sont prises à partie dans la PHILOSOPHIE DES VAPEURS, 1774, qui se raille agréablement de la sensibilité vaporeuse, née dans ce siècle de philosophie et de santé délabrée, où la Faculté vient de mettre un fort de la Halle au bouillon de poulet et à l’eau de tilleul. L’anglomanie de nos pères est moquée dans le PRÉSERVATIF CONTRE L’ANGLOMANIE, 1757, où l’auteur, après avoir plaisanté un moment, déclare que nos draps sont de meilleur user et plus maniables que les draps anglais, et établit la supériorité de nos teintures, de nos glaces, de notre argenterie, auprès de laquelle l’argenterie anglaise n’offre que des morceaux vilainement et archaïquement filigranés. »
    — Edmond de Goncourt, La Maison d’un artiste, Charpentier, 1881, t. II, p. 9.
    « En effet, il y a chez Mallarmé une maîtrise prodigieuse de la construction, du mètre, du vers. Mais ce vers se situe encore dans la tradition de son temps, après Hugo et Baudelaire. Je ne me bats pas contre le fait qu’on sache rimer merveilleusement : c’est le cas de Mallarmé, qui est un grand maître, mais aussi un petit maître. Si l’on prend ses très amusants petits textes en vers, adresses qu’il faisait à ses amis, ou ses vers de circonstance, on constate qu’il se sert du langage comme un petit maître, dans un style maniériste. Mais, tout à coup il échappe à ce goût de la lorgnette et c’est le grand télescope. Il se situe sur deux plans : celui de l’homme qui joue avec les mots, pour le plaisir et celui plus sérieux, de l’homme qui écrit aussi sur la mode, sur toutes sortes de sujets, parce qu’il est très attentif à son époque. »
    — Radio France Internationale, entrevue avec Charles Dobzynski, rédacteur en chef de la revue EUROPE, Octobre 1998.

    (Nota bene : Après avoir entendu Carlo Ginzburg analyser le sujet titulaire, Michael lui a donné ses éditions de poche de Charles Cros et Tristan Corbière, les remplaçant avec un véritable volume de Pléiade ; ce qui a évidemment mis en question leur désignation en tant que tels. Quant à lui-même, il se façonne, par préférence, en maître mineur, toujours en proie de la vieille taupe.)