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09:49 pm: La Françafrique version ivoirienne L’emprise de l’ancienne puissance coloniale sur la Côte d’Ivoire demeure une grille de lecture relativement partagée en Russie, Etat successeur de l’Union soviétique. La politologue Daria Mitina et l’économiste Saïd Gafourov livrent pour la radio indépendante russe Echo de Moscou une analyse qui s’inscrit dans ce schéma de dénonciation de l’impérialisme occidental. Ils font le constat que, à la différence des pays africains ayant basculé dans le camp socialiste après l’indépendance, en Côte d’Ivoire, «les Français continuaient de posséder des plantations et de pomper les profits, mais les patrons locaux collés à eux comme des sangsues recevaient leur pourcentage, une part qui était très importante». Mais les deux auteurs russes vont plus loin et interprètent la crise politique ivoirienne des dix dernières années par les rivalités politiques en France. Ainsi lors de l’élection présidentielle de 2000, les principaux opposants au général Robert Gueï —Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara— étaient les favoris de la droite française. Mais en raison de leur disqualification, le seul opposant en lice fut Laurent Gbagbo, qui avait lui les faveurs des socialistes français. Or, après l’exil au Bénin de Robert Gueï, défait électoralement, les habitants du nord musulman du pays réclamèrent un nouveau scrutin. Devant le refus de Gbagbo, des heurts violents et meurtriers s’ensuivirent. «Ces troubles reflétaient en fait un conflit au sein de la classe politique française, où le président Jacques Chirac cohabitait avec le gouvernement socialiste de Lionel Jospin. Les financiers qui soutenaient le parti socialiste français l’ont emporté», notent Mitina et Gafourov. Le pétrole fait monter les enchères Une dizaine d’années après, l’élection présidentielle ivoirienne tant attendue renvoie à nouveau le pays sur le chemin de l’affrontement et du sang. Mais cette fois-ci, soulignent Mitina et Gafourov, un autre facteur exacerbe les rivalités et les intérêts économiques: le pétrole. Un terrain sur lequel la Russie est également engagée. En effet, Lukoïl Overseas (détenue à 100% par la compagnie russe Loukoïl) est impliquée dans le Golfe de Guinée. La Russie reconnaît officiellement sa présence au Ghana et en Côte d’Ivoire. En juillet 2006 et avril 2007, Lukoïl Overseas a acquis des parts dans quatre projets offshore du Golfe de Guinée. En Côte d’Ivoire, elle est actionnaire majoritaire en partenariat avec Oranto Petroleum (27%) et Petroci (10%) sur le bloc CI-205, et avec Vanco (28%) et Petroci (15%) sur les blocs CI-101 et CI-401. Lukoïl, deuxième plus grosse compagnie russe derrière Gazprom, et numéro deux mondial du pétrole (derrière Exxon Mobil) en termes de réserves prouvées (en 2008), a de sérieuses ambitions en Afrique de l’Ouest. Selon le président de Lukoïl Overseas, Andreï Kouziaev, qui s’est rendu en Côte d’Ivoire en 2008 et a rencontré Laurent Gbagbo, la compagnie russe comptait investir 250 millions de dollars (177 millions d'euros) pour l’exploitation de ces blocs pétroliers. La variable pétrole a changé la donne, estiment Mitina et Gafourov. Selon eux, la France et l’Occident en général voient d’un mauvais œil l’entrée en jeu des Russes et des Chinois dans ce secteur: «Tant qu’il s’agissait du cacao, la France prônait un partage du pouvoir entre Gbagbo et Ouattara. Désormais, sa position a changé quand il est question de pétrole». Philippe Randrianarimanana

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