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say what?
― for David W. Affeld
“Art must be despised and considered to be completely worthless before anything can be derived from it again, or else it must be applied to everything. It is therefore ridiculous to try for any kind of personal success.”
« Quand j’aurai inspiré le dégoût et l’horreur universels, j’aurai conquis la solitude. »
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“Once I have inspired universal disgust and horror, I will have conquered solitude.”
― translated by MZ |
« Ma carrière n'avait pas été un échec, commercialement tout du moins : si l’on agresse le monde avec une violence suffisante, il finit par le cracher, son sale fric ; mais jamais, jamais il ne vous redonne la joie. »
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“My career had not been a failure, at least commercially: if you assail the world with sufficient violence, it ends up spewing its filthy lucre; but never, never does it give you back any joy.”
― translated by MZ |
ÇA ?
What ?… SHAKESPEARE
Des essais ? — Allons donc, je n’ai pas essayé ! Étude ? — Fainéant je n’ai jamais pillé. Volume ? —Trop broché pour être relié… De la copie ? —Hélas non, ce n’est pas payé !
Un poëme ? — Merci, mais j’ai lavé ma lyre. Un livre ? — … Un livre, encor, est une chose à lire !… Des papiers ? — Non, non, Dieu merci, c’est cousu ! Album ? — Ce n’est pas blanc, et c’est trop décousu.
Bouts-rimés ? — Par quel bout ?… Et ce n’est pas joli ! Un ouvrage ? — Ce n’est poli ni repoli. Chansons ? — Je voudrais bien, ô ma petite Muse !… Passe-temps ? — Vous croyez, alors, que ça m’amuse ?
— Vers ?… vous avez flué des vers… — Non, c’est heurté. — Ah, vous avez couru l’Originalité ?… — Non… c’est une drôlesse assez drôle, — de rue — Qui court encor, sitôt qu’elle se sent courue.
— Du chic pur ? — Eh qui me donnera des ficelles ! — Du haut vol ? Du haut-mal ? — Pas de râle, ni d’ailes ! — Chose à mettre à la porte ? — … Ou dans une maison De tolérance. — Ou bien de correction ? — Mais non !
— Bon, ce n’est pas classique ? — À peine est-ce français ! — Amateur ? — Ai-je l’air d’un monsieur à succès ? Est-ce vieux ? — Ça n’a pas quarante ans de service… Est-ce jeune ? — Avec l’âge, on guérit de ce vice.
ÇA c’est naïvement une impudente pose ; C’est, ou ce n’est pas ça : rien ou quelque chose… — Un chef-d’œuvre ? — Il se peut : je n’en ai jamais fait. — Mais, est-ce du huron, du Gagne, ou du Musset ?
— C’est du… mais j’ai mis là mon humble nom d’auteur, Et mon enfant n’a pas même un titre menteur. C’est un coup de raccroc, juste ou faux, par hasard… L’Art ne me connaît pas. Je ne connais pas l’Art.
Préfecture de police, 20 mai 1873 — Tristan Corbière
SAY WHAT?
ÇA ? Tristan Corbière
A treatise? You don’t say! I haven’t treated squat! A study? Slothful wretch, my culture fetid rot. A volume? Random heap, sheets stacked in disarray. Good copy? Not with me enmired in the fray.
A poem? Not today, my lyre is being cleaned. A book? Of fusty tomes far better to be weaned. A song? Would that it were, my ear is made of tin. Fun pastime? Sordid den, dire boredom dwells within.
A cadence? Rhythmic flow is broken by dull grind. A product? I divide what others multiplied. A story? Handicapped, my lame and laggard Muse. Clear proof? My mind is fraught by grief and lit by booze.
High fashion? Wealth and style inform nowhere my dress. Grandstanding or grand mal? My spasms fail to impress. Evicted from the hall, I lurk behind the stage, In transit, poised to choose: a joy house or a cage.
Too old? But to retire, my tenure won’t suffice. Too young? My hectic life will rid me of this vice. A sage, a slob, an ace, a master, and a clown, A stud without a flock, a king without a crown.
THIS is without pretense, and yet a blatant pose. It’s life and nothing but, confessed in deathless prose. A masterpiece? Could be, I never made one yet! A farce? A waste? A bomb? Decide and place your bet!
I bet… and I shall sign herewith my humble name; My child shall overcome each tainted libel claim. Through chance it will prevail, its fate a stroke of luck… Art knows me not at all — and I don’t give a fuck.
— traduced by MZ, 6 September 2005
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